[6-2] Vengeance

Une illumination ? Non, plutôt un soubresaut. Le corps de l’humain est trop faible pour supporter le choc, ou alors c’est le fragment qui rejette ce nouvel hôte. Quoiqu’il en soit le rite ne se passe pas comme prévu. L’étincelle sacrée, au lieu de fleurir dans une terre nouvelle, semble se mettre en hibernation, accrochée au corps comme une tique avide de vie. La famille est comme mutilée par cette fraternité blasphématoire. Quelle qu’ait été la vision de Marcus, il semble que cet héritier soit bien loin d’être à la hauteur.

Aldo vous a rejoint avec l’ambulancier un peu esquinté. Il vous regarde avec horreur, et ce repère ressemble à un collet dans lequel vous auriez mis le pied.

Enfin, l’héritier se réveille. Le goût du sang est toujours dans la gorge, ainsi que l’étrange rancœur de celui qui a sacrifié la proie pour l’ombre. Quelque part, les chaînes sont bien posées… mais le pouvoir attendu n’est pas au rendez vous.
Après tout, peut être que Silvio avait raison.

Galaad, que c'est-il passé! Tu m'as menti, rien ne s'est produit... Il va falloir t'expliquer tout de suite!

Par dégout je crache le sang qu'il me reste dans la bouche puis fixe Galaad en attendant une réponse.

Le prince fronce les sourcils, front plissé, son regard se nimbant d'un voile bleu lumineux pour répondre à celui de Marsiglio.

"Je ne t'ai pas menti, Héritier, si j'avais voulu ton mal tu sais parfaitement que je n'aurais pas eu besoin de prendre des chemins détournés. Quelque chose n'a pas fonctionné et ce n'est certainement pas le moment de nous tourner le dos. La Camorra t'a capturé et possédé, il nous faut découvrir qui était leur commanditaire."

L'acier froid de la douille glisse dans sa main alors qu'il la porte face à lui.

"Frère, les ennuis se poursuivent, les dernières volontés de notre défunt Marcus ne se sont pas déroulées comme prévu. Quelque chose bloque le cours naturel des choses, ou bien sommes-nous l'objet d'une sinistre mascarade depuis le début. J'ai besoin de te voir."

Puis il s'adresse à nouveau à l'humain à présent hôte d'un pouvoir perdu.

"Restons sur nos gardes."

Soupir

Je me concentre sur la douille

Galaad, que se passe t'il ?

J'aimerai bien aussi venir te voire mais on m'emprisonne dans le Val et bientôt l'acier n'existera plus. Je sens le rite de l'ortie me prendre mes ressources...
Galaad je commence à être las...
Pourquoi ? Marcus, moi et bientôt toi avant d'atteindre Joran ? A moins que... Non je ne peux pas le croire, le rite l'otie me fait divaguer...[i]

J'essaye de remettre de l'ordre dans mon esprit.

[i]Pour qui et pour quoi Galaad ? Les tourmenteurs ne sont pas assez nombreux qu'il faut qu'on se battre entre nous ?

Ca a commencé par Blasphème, puis la Camora et enfin Papias. Il faut se rendre à l'évidence Galaad, nous ne sommes pas de taille à lutter. Ils sont organisés et leur plan est prévu de longue date. Nous ne faisons que nous défendre, répondre à des situations d'urgence. Nous ne savons pas si nous nous faisons promener là ou ils veulent nous amener ou si nous agissons réellement dans nos intérets.

Chen Pao te rejoind.

Un éclat dans l'acier, un frottement métallique et le prince de l'aube acquiesce, puis répond.

"Il faut garder la tête froide, frère, et ne pas perdre espoir ou il ne restera bientôt plus rien de nous. Tu n'es pas tombé dans l'oubli, alors résiste, leur machination a forcément une faiblesse, un maillon faible qu'il nous faut briser. Pourquoi ces nobles s'attaquent-ils à nous ? Et pourquoi le fragment de Marcus ne s'épanouit pas dans le corps de l'héritier ? Il doit exister un rituel pour exorciser l'humain du sinistre germe que la Camorra a planté en lui."

"Personne en qui je ferais confiance au moment présent, frère, je le crains..."

Il rompt le contact avec l'acier et tourne vers l'ambulancier abîmé un regard bleu électrique, avant de s'avancer vers lui d'un air plus que menaçant...

"Toi, chien de Camorriste, quels étaient tes ordres !" hurle-t-il en saisissant l'homme par le col pour le soulever et le coller dos à son fourgon.

« De tourner en rond sur le périphérique, et d’attendre de nouvelles instructions. Je devais le maintenir en vie tant que possible, mais l’abattre au premier signe de complications. »

L’homme tente de sourire, mais la douleur qui perce de sa lèvre fendue l’en dissuade assez vite.

« Il est mort, le contrat est rempli, vous ne pouvez rien faire contre nous. La Camorra est hors de ta portée… noble… »

"Qui ? Où !? Parle-moi du niveau au-dessus de toi ! Parle si tu ne veux pas que je t'arrache la langue !"

La lueur éblouissante du lever de soleil semble se matérialiser dans le regard incandescent du prince fort contrarié.

L’homme pousse un râle rauque, la lumière lui griffant les yeux. « Silvio ! C’est lui qui dirige. Quand la cible a commencé à parler, il a pris la tête des opérations. Au dessus de lui il n’y a que le sénateur. »

"Alors réponds entièrement a ma question, insecte ! Où puis-je le trouver ?"

L'hostilité se matérialise dans le faciès brutal du joli noble.

L’homme écarquille les yeux un instant. « Je… je n’en sais rien ! Il est reparti en Italie, ou bien alors il a demandé l’hospitalité à la branche américaine. Vous… vous ne pouvez pas vous en prendre à la Camorra ! Votre propre maître ne vous laissera pas faire ! »

L’incrédulité se le partageait dans sa voix avec un soupçon de crainte.

Sourire mauvais sur les lèvres, l'aube semble lentement prendre fin dans le regard du noble, alors que la lueur matinale est à son paroxysme.

"Je ne suis plus à ça près."

Il le tira avec lui et le jeta dans la voiture des Paoloni, pour monter à la place du mort, pour se tourner en direction de Marsiglio.

"Allons à l'angle de Kennedy et de la 42e, je dois récupérer quelque chose, puis nous irons voir un vieil ami, il pourra sans doute nous aider à déterminer ce qui ne colle pas."

Il tourna un regard dédaigneux vers l'ambulancier.

"Nous pourrons larguer ce poids de trop en route."

La seule embûche que vous rencontrez consiste en un gros chat rongé par la gale occupé à déguster un reste de poisson dans la dite poubelle. Un coup de pied plus tard, vous retrouvez le journal et les tristes nouvelles de l’acier.

L’ambulancier est conservé dans l’arrière boutique d’une vieille fabrique, un cordonnier privé à l’ambition de lui tailler des chaussons en béton sur mesure. Deux heures plus tard, vous poussez la porte d’un dispensaire…