[6-1] A l’ouest d’Eden

Après la perte de la divinité, et le bannissement de l’homme et de la femme, le sublime jardin est resté un temps en jachère. Gabrielle, Imperator lumineuse de l’expiation, en fit son Royaume lors de la mort d’Abel. On raconte qu’elle recueillit ses larmes et son sang afin de réensemencer les terres. Trois fleurs nouvelles y poussèrent, que Gabrielle nomma souffrance, naissance, et contradiction.

Il existe une racine qui y mène, elle plonge dans la mer et monte vers le ciel, on l’aperçoit parfois face à la mer, les nuits de pleine lune.

(Arpenter la racine et atteindre les mondes dans une durée raisonnable demande un miracle physique de niveau 3. En raison de la nature particulières des ancres, ça ne coûtera que deux points avec Cheng Pao, mais six avec Gilda.)

Les pas de Cheng Pao le mènent sur le long chemin de l'arbre. Il s'arrête pour que je puisse, au travers ses yeux, admirer le travail de ce qui se rapproche le plus de ce que l'homme appelle nature.

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L’œil mort de Cheng Pao n’était sans doute pas assez puissant pour décrire la beauté des lieux d’antan… aujourd’hui, il n’est pas assez puissant pour en décrire l’horreur.

Le jardin n’est plus qu’un charnier putride. Le sang gorge la terre sous tes pas, l’odeur infecte de la souillure est partout. Les arbres à large ramure ont été arrachés, les buissons brûlés, l’herbe même n’est plus qu’une ruine.

Au centre, l’arbre de la connaissance n’est plus qu’une souche qui saigne abondamment. Tu distingues au loin une femme, en larmes, qui arrache à mains nues les dernières pousses d’un parterre de buis.

Je vais à sa rencontre.

Bonjour Voisine ! Que s'est il passé ici ?

« Existe-t-il un crime plus horrible que celui d’une femme qui assassine ses enfants ? Suis-je un monstre ? »

Fine, blonde, elle semble presque éthérée. Son corps est habillé par une sorte de bande enroulée jusque sur ses mains tachées de sang. Lorsqu’elle tourne ses yeux vers toi tu es comme saisi… tu comprends en un instant que tu es face à Gabrielle, Imperator de la lumière de l’expiation.

« Que viens tu faire en mon domaine, Kalten de l’acier ? »

D'abord stupéfait

"Excuse moi Gabrielle, je ne t'avais pas reconnu...

Je me resaisie en consttant le mal autour d'elle.

Je suis venu cuillir une graine de Kata que je destine à une amie à qui j'ai promis de tout faire pour lui venir en aide. Je ne suis pas ceux qui retire leur parole même si celle ci a été prononcée hativement.

Gabrielle, par respect de ce que tu es et de ce que nous sommes je souhaiterai te venir en aide. Saisie la main que je te tends, trop de choses se passent et beaucoup sont liées, à plusieurs nous serons plus fort. Galaad s'est déjà joint à moi. Par contre d'autres se dressent, sans raison apparente sur notre chemin.

Gabrielle je ne peux pas te laisser comme ça, raconte moi. Accepte au moins mon écoute."

« Kalten… tu vis depuis aussi longtemps que le chant de Cneph, et tu crois encore qu’il puisse arriver quelque chose dans ce jardin que je ne désire pas ? C’est moi qui ait arraché les arbres de mes mains, regarde… »

Elle te montre ses mains délicates tachées de sang noir, griffées par endroit jusqu’à l’os.

« La destruction est nécessaire à l’évolution, ce sang servira de terreau aux prochaines générations. Et toi qui me propose ton aide, ne devrais tu pas te préoccuper d’abord de ta propre famille ? Qu’en penserait Joran ? »

Son sourire en dit long… comme si elle savais que ton maître ne pouvait en cet instant te faire le moindre reproche…

« La fleur de Kata est un trésor, la quintessence de mon pouvoir, elle sera la première à pousser ici lorsque j’aurai terminé mon œuvre de souffrance. Je la réserve à des être d’exception…

Parle moi de cette femme, a-t-elle beaucoup souffert ? »

Ta réponse s’étrangle dans ta gorge au moment où tu sens la douleur de la séparation.

Un genou à terre Chen Pao se relve en se tenant la tête

"Excuse moi Petite Mère, je crois qu'un malheur vient de nous toucher...

Je remets mes idées au clair laissant un blanc...

Citation :

Sers ton imperator avant la guerre, et la guerre avant toi-même…

Elle sourit en coin. « Ne t’inquiète pas, le code Fidelitatis ne s’applique pas ici. Tu peux perdre tout ton temps, personne ne te blâmera. »

J'essaye de remettre de l'ordre dans mes pensées.

"Si on ne récompense pas ses soldats la guerre est d'avance perdue et si on perd la guerre cela déssert l'impérator. En tout cas c'est comme ça que je vois les choses.

La personne a qui je destine cette grain est une victime du conflit qui nous oppose à une ou des autres puissances. Je culpabilise de sa mort qui n'aurait jamais dû arriver, en tout cas pas dans ces conditions. Gilda m'a servie loyalement jusqu'au bout sans jamais se pleindre et qu'ai je fait en retour ? Rien...
Je lui ai apporter que des souffrances et des tourmants... J'ai juré à son âme de la récompenser au mieux. Celà passe par la graine et par le châtiment impartial des coupables."

« Guerre ou paix, ombre ou lumière, la guerre pour servir son maître, j’aimerai avoir une vision aussi simple et manichéenne des choses. Mais tu me dis que ce conflit t’oppose à une puissance, alors il ne s’agit pas de valde bellum.
Si nous nous battons entre nous, qui est le véritable ennemi ? Si la domina de la guerre mourrait demain, les Tourmenteurs nous laisseraient ils en paix ? »

Gabrielle sourit tristement, arrachant une plante à mains nues « ne m’écoute pas Kalten… ta combativité t’honore et me distrait.

Donne moi le corps de cette femme, elle pourra renaître ici comme la première femme. Nous discuterons du prix au moment de son éclosion. »

"Merci petite mère"

Chen Pao quitte les lieux !

Alors qu’un appel silencieux transite par le reflet de l’acier, une déchirure terrible te fracture l’âme, et te renvoie dans ton corps.

Au cœur du val, derrière les murs de marbre blanc du sanctuaire abandonné, à l’intérieur de ce cœur rongé par une ronce assassine, l’arbre de métal piqué de rouille se met brusquement à grincer. Une branche entière de ton symbole se détache et tombe sur le sol dans un fracas.

Quelque part, quelqu’un vient de planter ses griffes dans ta substance. Un pan entier de la réalité est en danger, le rite de l’Ortie te suce lentement le sang. (-1pt, reste 1)

Kalten a écrit:

"Chen, trouve un journal et regarde le de tes yeux. Vole le dans un kiosque si il le faut ! Maintenant !"

« Journaaaal iciii par terre… »

Après quelques minutes laborieuses pour faire comprendre à Cheng Pao que PlayBoy n’est pas vraiment ce que tu cherches, les pages déchirées d’un vieil annuaire dans le caniveau non plus, et que tant qu’à faire tu aimerais autant qu’il le tienne dans le bon sens, tu arrives à finalement à feuilleter un journal d’information vieux de quelques semaines.

Rien…

Sauf peut être… dans la page science, un nouveau brevet pour un type de plastique composite particulier. Composé de carbone non métallique, il est mou une fois chauffé, mais d’une solidité extraordinaire à température ambiante. Convenablement traité, il pourrait même percer… l’acier.
On dirait bien que d’une manière ou d’une autre, la domination de ton élément dans l’univers de ce qui est solide et tranchant, vient de prendre fin.

L’adresse du laboratoire est indiquée sur la tranche d’une illustration.

Le laboratoire est loin de là ou nous nous trouvons ?

Le laboratoire se trouve à Indianapolis, pure provocation c'est la capitale de l'acier américain.

Tu peux y être en quatre heures de train.

Dans le reflet d'un parechoc chromé de hummer passant à proximité Galaad est aspiré par le message laissé.

"Galaad, Chen Pao par pour Indianapolis, j'ai une piste concernant le rite de l'épine qui me vise.
Peut être devrions nous nous retrouver là-bas, tu trouveras tous les renseignements dans la poubelle à l'angle de Kennedy et de la 42 ème. Un journal prends le journal et regarde page 26."

Une fois à la gare, après la laborieuse traduction des horaires de train d’un zombi qui ne parle que le chinois à un maître absent à la patience limitée, il suffit de grimper discrètement.

Hors de question de rentrer dans les wagons, la capacité des humains à refouler ce qui les dérange est certes sans limite, mais mieux vaut ne pas tenter le diable, surtout quand il est aussi simple de planter ses griffes dans la carlingue et d’attendre...