[3-2] Médecine douce

La clinique privée de la Camorra ne payait pas de mine. De loin, ce n’était qu’un bâtiment austère et haut, captant un peu de lumière par des fenêtres étroites et jalouses. Tout au plus un vigile maussade laissait supposer que quelques célébrités pouvaient profiter des soins ici.

Il n’en était rien, bien sur. Quelques accidents médicaux, infections et autre staphylocoques, avaient mis à mal la réputation de la clinique il y a dix ans, et seul des mafieux ou des chefs d’entreprises avertis s’aventuraient encore par ici. Pas pour se faire soigner non, car ils savaient. Les infections n’étaient pas criminelles, mais elles étaient inévitable dans un tel environnement ; les caves étaient rouges des restes humains des malades qui n’avaient pas survécus, et les services de l’aide sociale trop contents d’avoir des médecins bénévoles, alimentait régulièrement la clinique en clochards malades. S’ils mourraient peu de temps après… ce n’était que justice, après tout on ne pouvait pas dire que ceux là avaient un rythme de vie très sain.

L’ombre qui avança jusque dans la ruelle en face dégageait la même odeur de charogne, et cette odeur était pareillement masquée aux perceptions humaines. Cheng Pao le Zombi avait suivit jusqu’ici la trace du seigneur de l’aube.

Cheng Pao renifle l'air ambiant essaye de trouver la douille cachée dans la poche du seigneur de l'aube. Qui trouve la douille trouve seigneur.

"Cheng Pao doit trouver la douille. Il est là pour le maître de fer, il doit trouver...."

Après l'odeur, le bruit.

La voix déformée de celui qui ne connaît ni la vie ni la mort attira le regard du Seigneur de l'Aube. L'ébauche d'un sourire parcourut les lèvres pâles alors qu'il plongea une main dans sa poche pour produire l'éclat métallique de la pièce d'acier.

"Cheng Pao a trouvé..."

Cheng Pao s'empare de la douille et brandit le bout de métal au dessus de sa tête à la manière d'un trophé.
Ravi de son exploit il commence à sautiller d'un pied sur l'autre dans un mouvement mal coordonné.

Puis le non mort s'arrête comme foudroyé, il rend la douille à Galaad.

Cheng Pao relève la tête son regard à changé et la voix avec laquelle il s'adresse soudain au seigneur de l'aube ne correpond plus plus avec le physique rachitique du petit être torturé.

"Garde là mon frère, c'est toujours un bon présage que d'avoir un bout de métal sur soi.
Content de te retrouver sauf Galaad."

"C'est un plaisir de te retrouver, même sous cette forme qui n'est pas la tienne..."

Le sourire s'estompa légèrement quand le regard du prince retourna se poser sur la sinistre bâtisse, la main rangeant distraitement la douille dans la poche de la veste sale.

"Ils ont emporté l'héritier dans leur domaine, à l'heure qu'il est je ne sais quel genre de traîtement ils lui réservent..."

Je m'adresse à Galaad tout en étudiant le batiment en profondeur.

"A qui appartient ce domaine ? Pourquoi l'héritier de Marcus se retrouve dans des mains apparament hostile ? Et enfin qu'à t'il de spécial cet héritié ?"

"Cela est sans doute lié, Frère... Voyons ce que l'on peut faire pour l'héritier, assez tergiversé. Tu auras mon aide après cela, fais-moi confiance."

Il s'avança vers la bâtisse, jaugeant les entrées potentielles qu'il pourrait exploiter.

En plus de la porte d’entrée et du garde, il y avait bien les quelques fenêtres de l’étage, et la porte métallique du garage. Pour les souris, les soupiraux du sous sol.

Mais d’un autre point de vue, la clinique était une nécropole où les malades étaient enterrés vifs. Bâtie dans le squelette d’un titan à l’agonie, les esprits vampires et charognards hantaient les couloirs sordides en répétant inlassablement les mêmes diagnostics.

Du cœur on entendait les lentes psalmodies d’une sombre magie.

La perspective de combattre ces abjectes créations ainsi que leurs créateurs n'effrayait pas le Prince de l'Aube plus que ça. L'absence de beauté ou, pire encore, son contraire étaient pour lui la chose la plus méprisante, cette fondation en était une illustration atypique.

"Entrons."

Pénétrer ce monstre par ses pores ou autres orifices absurdes était une perspective des plus dégoûtantes, aussi Galaad s'avança vers la porte d'entrée.

« Hey ! »

Le vigile mis un certain temps pour remarquer la présence de Galaad alors qu’il passait la porte. Après tout ce n’était qu’un vagabond sans conséquences ni rien de particulier, un être insignifiant sans rien de notable, ni rien dont il puisse se souvenir.

« C’est une clinique privée ici, il faut une autorisation écrite pour entrer. »

"Je viens rendre visite à un ami." affirma-t-il avec un sourire amusé. Jetant un regard rapide sur l'humain pour voir s'il avait un moyen de communication, il s'apprêtait à l'empêcher de sonner l'alerte.

Mis à part un simple talkie-walkie et une alarme rouillée à portée de main, il ne semblait pas spécialement équipé. « Un ami ? » Son esprit tentait manifestement de faire les connections dans la brume de son cerveau endormi. Etant donné la clientèle habituelle, il était bien possible que ce type soit là pour voir un ami. « Il faut une autorisation je crois… qui vous a parlé de cet endroit ? »
Il hésitait, manifestement plutôt mal à l’aise. Venir, dormir, être payé, c’était ça sa vie, pas question de commencer à vraiment travailler.

« Me tuer ? Mais… vous ne pouvez pas me tuer ! » Malgré son manque total d’ambition personnelle, le surréalisme de la situation ne lui avait pas échappé. « Vous avez pas le droit… et d’abord vous n’avez même pas d’arme ! »
Singeant un personnage de film dont se gavait sa femme, il ajouta « allez, ça passe pour cette fois, mais dégagez le passage maintenant ou ça finira mal. »

L’esprit humain est une chose merveilleuse. Ce n’est qu’après tout ce temps que ces sens l’avertirent du problème. Il parlait à un nain avec un post-it chinois cloué sur la tête qui sentait le chien pourri.

Le sang quitta son visage d’un coup, le laissant blême, alors qu’il saisissait maladroitement sa matraque.

Pas de temps à perdre avec ces créatures inférieures et laides : le Prince bondit vers le vigile décontenancé pour lui saisir solidement la tête et la pivoter violemment dans un craquement douloureux. Mort courte et silencieuse, le corps tombe sans vie au sol.

"Pour une nouvelle fois, entrons."

Et il pénétra la gueule béante de la charogne colossale dans laquelle la vermine avait élu domicile.

Les couloirs sales se succèdent, ponctués par les gémissements des malades agonisants. Le chemin est facile à suivre à l’odeur. En quelques pas vous trouvez la porte qui descend vers le sous-sol. Le béton est sali par les traces sombres que le sang a laissé lorsqu’on a traîné les corps. Comme le battement sinistre d’une ventilation agonisante, vous entendez le cognement du cœur du titan.

« Hey vous ! Qui vous a laissé entrer ? » Un infirmier en blouse blanche marche vers vous à grands pas. Il porte un revolver dans sa chemise.

La bête vit encore, maintenue en léthargie profonde par la crasse des rats qui la peuplent. Les palpitations se faisaient plus fortes, plus audibles tangibles alors que la Vermine se manifesta à nouveau. Le Prince avait assez devisé avec ces nuisibles aujourd'hui et sa patience baissait autant que sa clémence. Sans attendre il s'avança d'un pas vif vers l'empêcheur d'infiltrer en rond, jouant des phalanges.

"Pas le temps de discuter, pas l'envie non plus désolé, je suis d'une humeur fracassante."

Lui saisissant les poignets, il lui écarta les bras pour l'assommer d'un coup de tête.

Je laisse Cheng Pao suivre le seigneur de l'aube et reste en sommeil attendant mon heure.

Tout en clopinant derrière Galaad Cheng Pao parle en chinois dans un souffle à peine plus audible qu'un courant d'air.
"Cheng Pao aime bien les ventres, c'est tendre. Mais faut pas manger le gros tuyaux. C'est pas bon le tuyau. Y a plein de merdes, beurk, la merde c'est pas bon. Et puis ca dépend laquel. quand la lumière s'élève ca brule mes yeux. Le jour c'est de la merde.
Non le jour c'est bien l'acier aime l'aube et l'aube c'est comme le jour mais qui est le troll ? Pourquoi retient t'il les anges ? C'est parcequ'il n'y a pas de fleurs. Il faut des ronces, le maître aime les ronces et l'aube aussi et Cheng les petits moustiques des marais de swallow. Meurt Japonais dégage ta sale race. Avancez, ne pas manger, pas tout de suite, suivre la douille..."

L’homme s’effondre sous le choc, sa main ayant à peine commencé à bouger vers l’arme. Encore deux pas et vous arrivez dans les profondeurs, les hurlements des spectres vengeurs sont assourdissants, l’odeur qui vient de l’autre côté de la porte est insupportable.
Elle n’est même pas verrouillée, elle s’ouvre d’un coup de pied.